A l’heure où les pas pressés giflent le pavé, où les aiguilles affolent les poignets, à l’heure enfin où notre dieu synthétique est coté en bourse, je vous propose de quitter ce sentier tout tracé, au détour de quelques pages.
« Nous étreignons la terre, mais nous la parcourons rarement ! M’est avis que nous pourrions nous élever un peu plus. Nous pourrions au moins grimper à un arbre. »
De la marche est la trace écrite d’une conférence donnée par Thoreau en 1851, soit quelques années avant la parution de l’immense Walden. Bréviaire sociologique, éloge de la marche comme mode de vie, vibrant écho du transcendantalisme, le texte répond de ces notions autant qu’il s’en détache allègrement.
Entre les lignes, Thoreau relate la construction de son individualité et de sa présence essentielle, simple et farouche, au monde. En empruntant une voie dissidente, il s’est trouvé ; il est alors devenu, en marge de la société, un être inspiré et aspirant.
Pourtant, son engagement philosophique ne l’enterra pas au fin fond des bois, puisque c’est sur la scène civilisée qu’il viendra clamer et défendre ses idées.
Un poète m’a un jour confié que le vert se substituait très bien au sombre ; c’est au travers de cette image dotée d’une élégance naturelle que De la marche s’est frayé un chemin profondément magnétique dans ma bibliothèque.
De la marche, de Henry David Thoreau, à glisser aisément dans votre poche, grâce au (très) petit format des éditions Mille.Et.Une.Nuits.
Et pour aller plus loin, lire sous un chêne, La Nature, de Ralph Waldo Emerson ( qui a fortement influencé Thoreau), aux éditions Allia (encore du tout petit format).